Adulte, nous avons tous en mémoire, un oncle, une tante ou une marraine nous offrant une petite pièce pour notre anniversaire ou pour Noël. Et quel plaisir de déposer ces quelques deniers ou billets précieusement pliés dans cette « urne ». Toute notre richesse dans cette petite boîte, que l'on prend plaisir à compter et recompter sans se lasser. Quelle forme avait votre tirelire? Ronde? En forme de cochon? En métal argenté? En porcelaine?
L'étymologie du mot tirelire: possible évocation au « tintement » des pièces ou une étymologie italienne « tira-tira » et du verbe tirare signifiant jeter, prendre et lire pour la pièce de monnaie. Remontons un peu le temps... Nous sommes au alentours de 7 siècle av. JC. lorsque apparaît la monnaie métallique. Instinctivement l'homme cherche toujours à ranger et à protéger ce qu'il a gagné; la tirelire est née ainsi quasiment en même temps. Les premières tirelires seraient ainsi d'origine grecques. Des fouilles archéologiques de l'Empire romain mirent à jour de petits pots ajourées de fentes. Ces pots étaient en fait des tirelires en terre cuite.
A l'époque où les coffres-forts bancaires n'ont pas encore fait leur apparition, les économies des romains étaient mis à l'abri dans des petits coffres, bourses ou dans des tirelires que l'on devait souvent casser pour bénéficier de son trésor. Certaines de ces tirelires possédaient un bouton sur le dessus; ce qui permettait, tout comme les bourses d'être porté autour du cou. Les bijoux et autres documents importants disparaissaient pour leur part dans des malles aux dimensions et aux poids plus conséquents. Très peu de tirelires nous sont parvenus de l'époque du Moyen Âge et de la Renaissance; période où apparaissent les premières tirelires métalliques. Progressivement, ces encombrants coffres-forts sont remplacés par de petits coffres plus facilement déplaçables et surtout dissimulables. Les serrures deviennent des bijoux de ferronnerie, tant par leur petite taille que par la complexité de leur mécanisme. La porcelaine est utilisé à partir du XVIIIéme siècle dans la fabrication des tirelires. De même et réservés à la bourgeoisie, des matières plus nobles telles le noyer, l'ébène, le bronze, l'ivoire ou encore l'argent sont utilisées. Dès 1740, les tirelires deviennent plus grandes, plus imposantes … pour répondre à un besoin de « thésauriser » un peu plus chez de nombreux bourgeois devenus plus riches. La Révolution industrielle permit la démocratisation de la tirelire qui devint tant un objet utilitaire qu'un objet décoratif. Les américains la surnomma la penny banks. Les formes et les couleurs se diversifient.
La tirelire devient par la suite un objet ludique et éducatif: on apprend dès le plus jeune âge à s'approprier la valeur des choses en manipulant les pièces et les billets que l'on a précieusement mis dans notre tirelire. On associe également la notion d'épargne en plaçant son petit pécule dans sa tirelire.
Entre la fin du XVIIIe siècle et jusqu'à la Première Guerre Mondiale, la tirelire devient un véritable bijou, tant par ses formes, ses couleurs chatoyantes, ses motifs burlesques ses mécanismes plus sophistiqués les uns que les autres, ses matières comme la fonte émaillée, l'argent massif, les bois nobles, les industriels qui s'amusent à utiliser la tirelire comme moyen de communication.
Enfin, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, nous entrons dans l'ère du consommable et du jetable. Cette période touche également la tirelire. Elle se fabrique désormais en Asie, en plastique (sauf pour les modèles de communion). Finit les serrures en acier, les décors à la main, la céramique,... Et finit la monnaie sonnante et trébuchante de nos aïeux: nous sommes entrés dans l'ère du virtuel et de la carte bancaire.
Qu'est ce que la tiraliraphilie? Il fallait s'en douter : C'est le fait de collectionner les tirelires. Et les collectionneurs sont très nombreux. Pourquoi un tel engouement? Quelles sont les plus recherchées ? Les premières tirelires fabriquées en terre cuite avaient souvent la forme d'une poitrine féminine ; métaphore d'abondance et de fertilité. Très peu d’exemplaires sont parvenus jusqu'à nous car elles étaient fragiles. Il fallait souvent les casser pour accéder à son contenu. La plus convoitée des tirelires est celle en acier de la fin du XIXe siècle – début XXe . . Colorée, aux mécanismes élaborés, elles étaient fabriquées pour les enfants. Les tirelires mécaniques possédant des scènes articulées sont extrêmement recherchées. Ces tirelires étaient exclusivement fabriquées aux Etats-Unis au lendemain de la fin de la Guerre Civile en 1865 avant d'être copiées sur d'autres continents. James Serrill déposa le 1er brevet de la tirelire mécanique. Les fabricants puisent entre autre leur inspiration dans les contes pour enfants, les chansons populaires de l'époque. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l'euphorie d’après-guerre retentie aussi sur les tirelires. Elles sont inspirées des dessins animés et bandes dessinées. Mickey, Picsou, Tintin, Popeye,..., les enfants et grands enfants s’émerveillent. Les objets de la vie courante sont aussi représentés : boîte au lettre de la Poste, machine à sous, voiture, ou le célèbre Bibendum Michelin. Sont représentés également les animaux de la ferme dont l'éléphant symbole de puissance et richesse ou encore le célèbre « cochon tirelire » ; le cochon étant un symbole de la fortune car quiconque en possédait 1 ou plusieurs ne pouvait mourir de faim. Et plus il était engraissé, plus il y avait à manger, la comparaison s'impose d'elle même avec la tirelire.
La tirelire a fasciné des centaines de générations. Sa vocation internationale n'est plus a prouver. Avec un peu de chances, vous possédez encore la tirelire de votre enfance, retrouvé dans un carton du grenier et remplie de francs.... qui vous donneront peut être l'envie de démarrer une collection numismatique. |